À 1 km de la mythique ville italienne de Venise trône une petite île répondant au nom de Murano. Si elle représente aujourd'hui le fleuron de la verrerie italienne, l'histoire nous enseigne que rien, a priori, ne l'y destinait.
De Constantinople à Venise
Les verriers de Constantinople (l'actuelle Istanbul) étaient des artisans réputés avant le 13e siècle. Mais à la suite de la 4ème croisade vers 1202 et de l'invasion par les ottomans, beaucoup d'entre eux durent s'exiler. Certains trouvèrent refuge à Venise où ils inculquèrent leur art ancestral aux autochtones. Non contents d'acquérir la technique du verre, les maîtres verriers vénitiens allèrent plus loin dans leurs recherches et surpassèrent même leurs pygmalions en mettant au point de nouvelles techniques. Le verre de Murano allait ainsi voir le jour.
Murano ou le verre dans tous ses états
Les diverses techniques mises au point par les maîtres verriers vénitiens ont donné naissance à plusieurs variantes caractérisant le verre de Murano. Celui-ci est particulièrement renommé pour sa finesse exceptionnelle, que beaucoup ont tenté d'imiter sans toutefois jamais l'égaler. Le cristal de Bohême, les verreries britanniques du 19ème siècle, ou encore le non moins fameux verre coulé de Saint Gobain en France, sont quelques exemples de la rude concurrence qui a parfois mis à mal le verre de Murano dans le temps. Mais face à l'adversité, le savoir-faire vénitien a toujours fait front, et a été à l'origine d'une multitude de merveilles artisanales. Le vetro ghiacciato (verre craquelé) est une variante qui requiert une dextérité dont ne peuvent faire preuve que les dignes héritiers des artisans vénitiens. D'autres exemples représentatifs du fleuron italien de la verrerie sont le vetro smalto (verre émaillé), l'aventurine (verre orné de fils d'or), le vetro lattimo (verre lacté), ou encore le vetro millefiori et ses couleurs chatoyantes.
Le verre de Murano de nos jours
Si Murano comptait autrefois dans ses rangs près de 2000 maîtres verriers, ils sont malheureusement bien moins nombreux aujourd'hui. De même, les authentiques verreries de Murano déclinent face à l'importation massive de verrerie issue de la production industrielle. La main d'oeuvre vénitienne spécialisée, déjà rare, se trouve être onéreuse. Le verre de Murano est traditionnellement le fruit d'une production artisanale manuelle qui a du mal aujourd'hui à se faire une place au soleil. Mais cela est sans compter les grands noms et marques de la verrerie vénitienne qui parviennent à perpétuer ce bel héritage.
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